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Chroniques salmantines 2024 : Jeudi

JEUDI


Depuis le début de notre séjour, nous avions les chambres donnant sur l'élevage de moutons voisin. Chaque soir, nous avions eu droit à un concert d'aboiements du chien de berger, qui devait sûrement faire son boulot. C'était normal à la campagne et ça m'avait immédiatement fait penser à mon Heidi, ma gentille chienne berger allemand de 12 ans, qui, lorsque nous la faisons sortir le soir pour faire son pipi, avait l'habitude d'aboyer sans interruption. J'avais bien essayé de me convaincre qu'elle était bonne gardienne et que les sangliers voisins en étaient la cause, mais je crois plus vraisemblable qu'elle était un peu pétocharde et qu'elle se rassurait en aboyant.
Mais, hier soir, jusqu'à 2h du matin, nos voisins de chambre, une famille nombreuse, avaient tambouriné et hurlé comme dans un jardin d'enfants en plein jour et m'avaient empêché d'apprécier le concert du toutou du troupeau.
 
Nous avions patienté en silence, mais avions été un certain nombre à être importunés sans dire mot.
 
Mais, tôt le matin, à notre réveil, un silence parfait régnait dans le couloir. Sans nous être concertés, comme un fait exprès, nous avons alors entendu des portes claquer plus fort que d'habitude, sorte de vengeance personnelle de tous les clients qui avaient cherché vainement le sommeil cette nuit. Je confère que cette réaction collective était moche voire mesquine, mais ça nous avait procuré un plaisir certain.
 
Descendant déjeuner, le technicien en charge de la machine à sous, qui trônait au beau milieu de la salle, était en train de l'opérer à cœur ouvert, surtout pour la vider de son précieux contenu. Il avait posé un dispositif métallique de la taille de 2 boîtes à chaussures sur le comptoir et il vidait peu à peu dans des sachets plastiques les pièces de 1€ et 2€ que les clients avaient bien voulu abandonner, pensant gagner le gros lot sans succès. Le bruit de ces pièces qui tombaient dans ces sachets donnait une impression d’un petit Las Vegas qui immédiatement nous fit beaucoup rire avec Éric, qui nous en avait tant parlé ces jours derniers.
 
L'entraînement physique des toreros devait débuter vers 9h30. Nous devions nous retrouver pour déjeuner vers 13h, pour un début de séance chez Sepúlveda vers 15h. C’était réglé comme sur du papier à musique.
 
 
Notre courageux Jean-Yves, lui, était parti à pied, vers 7h, sac de golf sous le bras, pour une marche de 6 km, jusqu'au parcours de golf pour un 18 trous. C'était fou, mais pouvait-il en être autrement de la part d'un aficionado, lui aussi bien touché.
 
Nous devions le rejoindre en voiture, mais sur la route du golf, un message de service s’afficha sur le tableau de bord, nous intimant l'ordre de nous rapprocher du garage le plus proche. Nous voilà jolis, comme on dit. Les voyages forment la jeunesse. Comme nous étions près du parcours et avions décidé d'aller jouer une paire d'heures, on verrait ensuite comment gérer tout ça.
Cette histoire nous avait contrariés et nous avons écourté notre partie pour gérer ce souci, sans trop perdre de temps.
 
Un très grand garage Citroën, à l'entrée de Salamanque, nous avait pris le véhicule en charge mais nous avions dû le laisser et nous nous retrouvions avec tout le matériel, y compris médical, sur le trottoir. Nous étions devenus de simples maletillas, comme au bien vieux temps.
  
Nous avions alors appelé la "Miletto Rent a Car Company" qui était venue dans l’espace d’un éclair nous récupérer, même si les espagnols, plus malins que nous, avaient eu la riche idée de proposer des services de location de voitures à l’intérieur même du garage !
 
 13h30 nous voici de retour à la Rad. Nous avions une petite demi-heure pour déjeuner et Ana nous avait prévu d’excellentes joues de porc cuites à l’étouffée, qui ont disparu aussi vite que si notre mage s’en était occupé !
 
Nous devions prendre la route vers 14h et il fallut nous redistribuer dans les voitures restantes puisqu’il en manquait une. Sur la route, il avait commencé à pleuvoir, style crachin breton, peu mais régulièrement, c’était paglop, sale temps surtout pour mon brushing !
 
 15h10 : Arrivée chez Sepúlveda. Tout est prêt, même le feu dans la cheminée du palco que nous a préparé le sympathique et non moins efficace Carlos, le mayoral. Elisabeth était ravie, moi aussi.
 
 

Chroniques salmantines 2024 : Jeudi
Les deux Maestros procèdent à un sorteo entre les 4 qui vont tuer les becerros.
« Sacha se l'est gagné hier chez Fraile ! » avait dit le Maestro Leal. C’est lui qui tuera en premier, ce sera sa première mise à mort. Il venait de l’apprendre là, juste avant, on lui tend une épée de mort, pour qu'il se fasse à l'idée. Dès ce moment, notre Sacha a adopté un air grave et concentré. Il se mentalise. Tous les copains sont aux petits soins, se souvenant chacun de leur première fois respective.
Gérard "Papou" n'est pas encore au courant.
 
Dernières recommandations des Maestros pour la bonne tenue de la séance.
 
Il fait du vent, Sacha mouille déjà la muleta.
 
15h23 : ça démarre. « ¡ Suerte a todos ! »
 Sacha débute à la cape
Il y a un vent à décorner les bœufs. Les capes s'envolent.
Rémy aux banderilles.
Le vent forcit.
Sacha à la muleta.
 
Les courageux restés sur les toriles supportent le vent et le grésil.
Gérard n'en perd pas une miette, ni Marc d'ailleurs qui filme tout.
 
 

Chroniques salmantines 2024 : Jeudi
Sacha, torée avec sérieux, conscient de ce qui se joue aujourd'hui pour lui.
Il torée vraiment bien cet excellent petit torito noir.
Il est très calme. Il est très bon, le novillo aussi. C'est un beau moment.
De rodilla, des redondos, à droite, à gauche, il y met tout son cœur et ça se sent.
 
Elisabeth se tourne vers moi : "ça me mettrait presque la larme à l'œil !". C’est vrai que c’est émouvant.
 
Dans l'état où il est, il ne se rend même pas compte qu'il pleut.
Molinetes, puis il s'approche du burladero pour prendre l'épée.
 
Une première dans le vide, un seconde pas mal placée, puis la troisième très bien placée. Entraînement au descabello.
Puis, le maestro Le Sur sort le Matador. La bête expire. Sacha caresse le frontal de son premier novillo.
 
Immédiatement, le Maestro Leal va prodiguer des conseils in situ et faire voir les différents endroits de l’animal à connaître.
15h50 : Sacha se voit décerner une oreille en souvenir.
 
Gérard reste seul sous la pluie, sûrement très ému, lui qui a déjà vécu cela avec son maestro de fils.
Il est en lévitation, sans avoir recours aux compétences de notre illusionniste !
 
A cet instant, nous sommes rejoints par la dizaine de spectateurs entrant totalement trempés en tribune, qui se regroupent auprès de la cheminée. Il y a une bonne odeur de feu de chêne qui se propage dans l’air.
 
 

Chroniques salmantines 2024 : Jeudi
15h55 : 2ème novillo noir au ventre blanc. Pour Rémy aussi ce sera sa première mise à mort !
Rémy bien à la cape.
Le temps est à la brumisation. Mais les toreros, tels des canards, ne le sentent pas !
15h59 : muleta, cambio à genoux. Bien exécuté.
Il est lui aussi très bien, le novillo itou.
 Ambiance feu de bois dans l'âtre...
16h09, le vent a un peu calé, la pluie aussi.
16h12 épée.
Tente un recibir mais pas assez efficace.
2ème concluant.
Descabello puis puntilla. Pour Remy l’oreille souvenir qui lui est attribuée est bien méritée 16h16
 
Ce n'était qu'une accalmie, le mauvais temps reprend de plus belle.
Au premier novillo, le « matador » s'est coincé. Mais rien n'arrête le Maestro Leal. Il revient de sa voiture avec une petite boîte à outils. Séquence bricolage sous la pluie. Il est tout terrain ce Juan. C’est un phénomène !
 
16h23 : 3ème novillo. Caramel et chocolat, un peu plus fort. Pour Valentín.
Une pluie de gueux tombe maintenant sans discontinuer.
Ces toreros sont de grands malades !
Banderilles pour Baptiste qui glisse et tombe sur les fesses. La pluie peut s'avérer dangereuse.
16h28 muleta. Ruedo plein de boue. Valentín et le novillo bien.
Les bourrasques se calment un peu.
Le novillo est super, très noble.
Épée 16h36. Bonne estocade.
Quasi fulgurante 16h39.
 
Accalmie. Nécessaire si l'on veut continuer la séance.
 
 

16h43 : 4ème novillo, rouquin haut sur pattes.
Pour Baptiste. La lumière du soleil réapparaît.
Le becerro est brave. Baptiste est pas mal du tout.
16h50 : muleta.
C'est très bien même si le vent gêne un peu.
« Ne bouge pas les pieds !» lui dit le maestro Leal.
16h59 : épée.
 1ère non concluante, 2ème non plus, 3ème un peu mieux. 4ème bien placée.  
Descabello laborieux.
17h06 : fin du novillo.
 
17h15, ils en veulent encore, surtout les autres qui n’ont pas encore toréé. Une vache marbrée.
Simon à la cape.
À la muleta, très propre, sûr de lui.
Il a du recours. 17h25.
Éric à la muleta, c'est pas simple, mais il arrive à enchaîner les passes.
Re-Simon. Redondos à genoux.
Sofian volontaire, avec beaucoup de douceur. Redondos, bien.
 
Re-Éric. Il faut essayer de se replacer entre les passes, c'est ça, sous les applaudissements du public, peu nombreux mais de qualité.
Le Maestro Leal aux commandes.
Quelques jolies passes et coiffures. Jean-Yves accourt pour prendre sa photo rêvée, celle du moment où la vache se transforme en une bête tientée.
17h40 sortie.
 
 

17h41 : dernière vache noire.
Simon pour quelques passes.
Éric à la cape.
Sofian à la muleta. Il est étonnant il nous surprend. Il est volontaire. Il fait de belles choses.
Éric tente quelques passes, il faut lier. Il se replace mieux. 
Simon à nouveau. Il s'en sort pas mal.
Éric.
Sofian.
 
 
18h. La séance prend fin avec une photo souvenirs avec le Maestro Leal. Ils lui doivent beaucoup tous ces toreros. Ils ont passé des caps importants grâce à tout ce qu’il donne depuis lundi. C’est un garçon fantastique. Merci Juan.
 
Autour des voitures, les visages sont souriants.
« Sacha, qu’en as-tu pensé de ce jour ? »
« Ça ne se décrit pas ce que j’ai éprouvé, ça restera gravé dans ma mémoire pour toujours ! » 
 
Nous félicitons Don Íñigo Sepùlveda pour la qualité de son bétail qui permet des progrès significatifs.
Elisabeth qui avait remarqué Valentin lundi, puis Baptiste et Rémy mardi, me dit, avec beaucoup d’émotion : « Je crois que je les aime tous ! ». C’est joli non ?


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