Première école taurine de France...depuis 1983



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Reseña du stage d'immersion

Prologue : le départ


Dimanche dès 19 heures, les premiers élèves arrivent avec des paquets, des sacs, une montagne de sacs...
Il fait froid, très froid, ça donne une idée du temps que nous aurons en Espagne.

Peu à peu, tout le monde arrive.
Les deux minibus sont garés et attendent la fine équipe : 10 élèves et 7 accompagnateurs.
Dernier briefing pour les parents : chacun à son planning en main.

Une surprise attend les élèves : sur les recommandations du Maestro MILETTO, il a été préconisé que les téléphones portables seraient confisqués durant tout le séjour.
il prend parole et dit :
- "Etre torero, c'est difficile. Il faut penser aux taureaux, rien qu'aux taureaux. Nous partons pour bosser, c'est pas la colo !".
Le ton est donné, le déplacement sera studieux.


3 mars - Jour 1 :

Nous avons roulé toute la nuit et à 8h30, nous arrivons à Torrejon El Rubio.
Après un excellent petit déjeuner et une petite douche, nous repartons pour Nava De Santiago, à 2 heures de route plus au sud.

A 15h30, nous arrivons à la Ganadéria Juan Manuel CRIADO où nous attendent le sympathique Carlos, son épouse et le Maestro Manuel CABALLERO, bien connu des abonnés de Canal+ Toros, les élèves saluent le Maestro et le premier entrainement peut démarrer.

C'est une après-midi de luxe pour une première leçon, d'excellents novillos donnant beau jeu.
A tel point qu'un des novillos, qui devait être estoqué par Solalito pour sa première mise à mort, doit être indulté tellement le ganadero le trouve noble.
Pour une première mise à mort, c'est sûr que Solalito s'en souviendra toute sa vie.
D'ailleurs, le Maestro CABALLERO lui donne rendez-vous dans 2 ans, pour revenir voir son premier taureau en pleine forme, "si Dieu le veut", comme il l'ajoute.

Malgré la concentration du ganadero et l'exigence des professeurs, les élèves ne semblent pas encore dans le bain, cela se ressentira sur les trois premiers novillos.
Il faudra recadrer tout cela pour que les élèves soient dignes du bétail qui leur a été préparé.
A la fin de l'après-midi, après 5 novillos estoqués et un gracié, on est déjà dans le vif du sujet.
Après un échange de cadeaux et la collation offerte au coin du feu, avec beaucoup de gentillesse et de simplicité, nous remercions nos hôtes et reprenons la route pour un retour à l'hôtel.

Le dîner est l'occasion d'un premier recadrage : Les élèves doivent prendre conscience qu'ils vivent une opportunité exceptionnelle pour apprendre, s'améliorer, corriger et se perfectionner.
Le rendez-vous est donné le lendemain à 9h00 pour le petit déjeuner, ce qui seront en retard ne toréeront pas !


4 mars - Jour 2 :

La nuit porte conseil !
Le réveil à 8 heures pétantes permet à tous d'être présents au petit déjeuner.
Dans la salle à manger, les trois maestros sont chacun installés à une table individuelle. Ils appellent chaque élève, à leur tour, pour un debriefing "personnalisé".
Chacun a l'air pensif, l'ambiance est calme, plus calme que dans les minibus, à l'allée !

Au programme de ce jour : Brossage des capes, visite des gorges du Tajo dans le Parc National de Monfragüe, très célèbre pour ses nombreux oiseaux et sa faune sauvage.
Après le déjeuner, nous avons rendez-vous dans la magnifique Ganadéria EL CUBO.

Il est 15h00 lorsque nous pénétrons dans cette finca, très célèbre pour ses arènes couvertes.
L'ami Blas, ses parents Poli et José sont là pour nous accueillir. Ils sont heureux de nous revoir et attendent le Maestro Serafin MARIN qui doit tienter 3 vaches.
C'est pour nous, la joie de retrouver le jeune Abel ROBLES qui l'accompagne.

Chacun se prépare et la séance démarre avec une première vache très brave et très noble, qui permet aux élèves de parfaire le placement de l'animal, dans le ruedo, pour la rencontre avec le cheval.
L'entrainement est intense, les vaches très intéressantes.
Le Maestro MARIN prend congés, appelé à Toledo pour une conférence de presse. Mais l'entrainement continue avec 3 autres vaches, toutes aussi braves et nobles.

Certains s'exercent à poser des banderilles et à courir vers la queue de l'animal, pour ne pas se faire attraper.
Au total, 6 vaches qui permettent à tous de sortir et de "s'essayer".
Notre élève practico, lui aussi, aura son moment, très intense, avec deux séries très "propres", très classiques et une petite cabriole avec la vache, sur le sable ocre de ces belles arènes. Il a le sourire radieux de quelqu'un qui apprécie cette expérience exceptionnelle, hors du temps, que nous sommes amenés à vivre ensemble.

Le retour en soirée, à notre hôtel, nous permet d’apprécier, encore une fois, que nous n'avons pas perdu notre temps.
Le programme de ce séjour se déroule comme prévu : demain, ce sera au tour du Maestro Joselito de nous accueillir.


5 mars - Jour 3 :

C'est notre dernier jour au coeur du Parc national de Monfragüe, avant de gagner les pleines de Salamanca, ce soir.

Nous nous préparons au tentadero, chez le Maestro JOSELITO, qui nous a donné rendez-vous à 16h, à la finca de San Juan de Piedras Albas.
Nous pénétrons dans les paturages verdoyants, la barrière texane, juste à l’entrée, donne le ton : ici, tout est simple, pur, naturel, comme a été sa tauromachie. De superbes toros, de magnifiques chevaux, en liberté, sauvages, un peu comme lui !
Le temps est superbe, soleil d’hiver, pas de vent, les conditions idéales.

16h30, un halo de poussière le précède, il arrive dans un gros 4x4, à "tout berzingue", comme il vit sa vie, depuis toujours.
De plus, l’annonce de son retour à Istres, le 15 juin prochain, rajoute de nombreuses sollicitations, notamment médiatiques.Son portable sonnera souvent, durant la séance.

Immédiatement, il en impose, malgré la  simplicité de sa tenue : pull couleur rouille, jean et ses Converse legendaires, il nous offre un large sourire. Tous les élèves sont habillés, en rang, très impressionnés : ils peuvent l’être.

Dès ce moment, tout le monde se place, ça va commencer.

Les vaches sont fortes, l’ambiance est studieuse, le placement doit être précis. Le Maestro ganadero voit tout, donne des conseils aux jeunes, se lève, pour mieux expliquer et montrer.
Il est très sévère, mais juste : “Cuando toques, mas suave, como si fuera una calicia”, “Despacio”, “Dou – ce- ment ! ” s’essaie-t’il en français.

Voyant un des élèves toréer, trop vite à  son goût, il lui demande :”¿Tienes prisa ?”

Les 5 vaches se succèdent, tous les jeunes vont s’essayer, avec plus ou moins de réussite.

Au total, encore une après-midi profitable pour chacun.

Le soleil s’est couché, on entend les toros “chanter” dans le campo, il n’y a rien de plus beau.
 
Avant de prendre congé du Maestro, il nous raconte son action en tant que tout nouveau responsable de l’école de Madrid et le temps qu’il y passe : “ sur 50 élèves, j’en vois 2 voire 3 qui pourront fonctionner, c’est une profession tellement exigeante, nous nous devons d’être très sévères, très durs, c’est comme ça. Il faut du travail, encore et encore du travail. Même pour moi, ce sont des heures et de heures de toreo de salón, pour fixer les choses”.

Nous nous promettons de nous revoir, notamment à Istres et le quittons, pour 3 heures de route, vers La Fuente de San Esteban, notre prochaine et dernière étape.


6 mars : Jour 4
El Cruce - La Fuente de San Esteban...
C’est un peu comme un village du Far west, carrefour improbable, au bout d’une longue ligne droite, en venant de Tamames.
L’autoroute n’est pas loin, mais c’est la campagne profonde, au beau milieu des 300 élevages, dont les plus prestigieux.

C’est “The place to be” comme on dit outre Manche.

Nous logeons à l’hôtel “El Cruce”, sous les bons auspices du sympatiquissime Angel. Il connait tout le monde, voit passer chez lui les plus célèbres Maestros, venus s’entraîner dans la zone.

Il règne en maître absolu sur ce petit établissement charmant, typique et chaleureux, malgré les longs mois de froid de cette région salmantine. Son aficion est immense, sa gentillesse et sa discrétion infinies et il est pour beaucoup dans la préparation des 2 jours que nous allons vivre ici.

Au menu de ce jour, 12 vaches, sélectionnées pour que les plus jeunes puissent aussi se régaler et apprendre.

10h30, il n'y a qu’à traverser le carrefour pour atteindre  les arènes de “Cuatro Caminos”, sous un beau  soleil d’hiver.
Les “petites bêtes” vont défiler, pour la joie de tous. Leur gabarit va permettre d’oser des gestes et de les perfectionner, de ressentir les distances, mais aussi de faire baisser la pression.
A la 6ème, on s’arrête, pour déjeuner, à la cafetería qui se trouve sur place. Le feu dans la cheminée invite à un moment de détente. Le soleil est radieux, aucun nuage à l’horizon, on aurait même pu manger dehors, sur la terrasse. À côté, des cigognes claquent de leurs grands becs, presque au rythme d’une buleria !

Victor El legionario est fils de picador, picador lui même, dans la cuadrille de Fernando ROBLEÑO. Il a organisé la journée. C’est un garçon jeune, assez grand, mince, le visage fin et buriné, d’une gentillesse extrême. Il a fait préparé des cochinillos au feu de bois. C’est une merveille, un instant de convivialité qui confirme que nous vivons décidément un très très bon séjour.

Un des élèves est invité à tienter chez Sanchez Arjona, de second, après le Maestro Gimenez Fortes. Son professeur le conduit, c’est juste à 10 minutes d’ici.
La séance continue, les vaches se livrant pour donner un cours très intéressant. En effet, les progrès de chacun ne se font pas en même temps, ni au même rythme, ni avec la même intensité, certains ayant de meilleurs jours que les autres. Aussi, chaque soir, nous croisons des visages radieux et des mines défaites, car c’est pour chacun une aventure différente.
Aujourd’hui, ce sera le tour d’un des élèves, d’avoir un déclic, avec 2 vaches plus sérieuses, grâce aux conseils, aux recommandations, aux ordres précis de ses professeurs. Il a eu un passage à vide, depuis le début du stage. Cela se fait dans la douleur, les cris et les larmes, mais c’est un passage obligé pour faire surgir ce qu’il a dans le ventre !
Chacun gravit les marches de son apprentissage, poursuit son chemin, et connaîtra un destin différent, mais c'est surtout une école de vie.

Vers 20h, au coucher du soleil, un petit quart d'heure de foot entre professeurs et élèves permet de descendre la pression des corps et des esprits et de sceller une cohésion du groupe : quand on a transpiré ensemble, ça resserre les liens. D'autant que demain, il est prévu d'estoquer 6 becerros, en conclusion de ce stage intensif. Pour sûr qu'avec une journée aussi bien remplie, aucun d'entre nous n'aura besoin d'une petite berceuse !

7 mars : Jour 5

Notre dernier jour au "Cruce" se passe sous un soleil printanier, sans nuage ni vent. Accusant un peu la fatigue, aucune consigne n'est donnée pour le réveil. Ce matin, chacun fera à son rythme. Certains iront faire des emplettes, à pied, au village, d'autres pousseront jusqu'à Ciudad Rodrigo, très connue pour son carnaval, à 40 km d'ici, en allant vers le Portugal.

Victor nous tient informés des conditions de l'embarquement, au fur et à mesure. Tout se passe bien, le déjeuner est prévu tôt, vers 13h. Certains visages sont un peu tendus, sûrement par les mises à mort à venir.

Rendez-vous est pris à 14h15 dans les burladeros !

Les valises sont prêtes et Angel mettra à disposition des élèves 2 chambres, pour se doucher, après l'entraînement, comme à l'accoutumée.

14h : le convoi s'ébranle, tout le monde sait exactement ce qu'il a à faire. Les plus jeunes, qui ne toréent pas aujourd'hui, vont assister leurs camarades. Il faut passer les trastos, les banderilles, les puntillas, nettoyer le matériel ensuite. Chaque élève fait la brega à ses camarades, même si les professeurs sont munis de capotes, pour parer, si besoin.

C'est un jour un peu particulier pour un des jeunes élèves et un practico, car ils vont tuer leur premier becerro.
Le ganadero, Don Sanchez Arjona arrive, nous salue et le temps d'une photo souvenir en piste, chacun prend sa place, on peut ouvrir les portes du toril.

Durant 3 heures, les becerros se succèdent, très beaux, nobles et racés,suivant inlassablement la cape et la muleta. C'est un vrai plaisir.
Ils permettent de beaux gestes même si les Maestros, toujours sévères, exigent toujours plus et mieux, plus suave, plus doux et plus lent !

D'ailleurs, on ne s’ennuiera à aucun moment car on palpe la volonté de chacun de faire de son mieux.

Les premières mises à mort se passent fort bien, de beaux coup d'épée.

Notre ami practico va en découdre, mouiller la chemise, essayant encore et encore, ça passe près, souvent, pas toujours, ça se bouscule, tout le monde accourt. C'est dur, il se retourne, un peu asphyxié par le stress, mais prend son temps, durant les banderilles, une petite pause, un peu d'eau, il fait chaud, mais il y retourne. "Bien, torero, bien !!!" 
Il est en train de réaliser un rêve, sous nos yeux admiratifs.
Le moment de vérité approche, on se place, on cadre le toro et 1 et 2, ça y est, le becerro est estoqué.

Il est à la fois heureux et déconcerté de l'avoir réussi. Une oreille lui est attribuée, pour le souvenir.

Les autres faenas se déroulent avec des sorts différents, chacun devant améliorer des points particuliers. Néanmoins, toutes les estocades sont propres, efficaces.

Au fur et à mesure, quelques badauds sont venus voir ce qui se passait et sont restés, car les gestes sont intéressants.

Le ganadero est très heureux car l'entraînement a été de très bonne tenue.

18h15 : après une rapide douche, restitution des téléphones, tout le monde s'installe dans les véhicules, 1 400 km nous attendent !


Épilogue : le retour

Notre feuille de route nous indique que nous pourrons nous arrêter pour diner, après Madrid, au célèbre Km 103, bien connu des aficionados et des toreros. Nous y sommes vers 21h30.

C'est pour nous la dernière occasion de goûter à l'excellente gastronomie de cette région de Castilla - La Mancha, avec ses soupes paysannes, sa charcuterie très typée et les cuajadas, si chères à une de nos accompagnatrices.

22h45, c'est reparti, pour presque 8 heures d'autoroute. Nous sommes très organisés, ceux qui conduisent pendant 2 heures sont remplacés par ceux qui se sont reposés. Les petits, eux, s'installent confortablement, dans les coches de cuadrillas, pour une douce nuit, bercée par les innombrables courbes de notre chemin de retour.

Samedi, 6h15 : exactement 12 heures après avoir quitté la Fuente de San Esteban, nous atteignons Caissargues, avec des souvenirs plein la tête. Malgré la fatigue, le Maestro Miletto ne baisse pas la garde : "Les petits, il y a un aspirateur, vous allez nettoyer l'intérieur des minibus, avant de rentrer chez vous !"

Nous apprenons qu'hier soir, après un rapide coup de fil aux parents, certains des élèves ont demandé à ce qu'on range les portables, dans la boite à gants !

Peut-être voulaient-ils repenser à cette belle aventure et avaient-ils un peu compris que rien ne pourra remplacer l'expérience de la "vraie vie", au campo, où le virtuel n'a pas sa place, bien heureusement !





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